Accueil > Les acteurs / Des Portraits de citoyens

Catherine Pech

Galeriste - Artiste - Présidente de l’association Artistes et chemins

Lieu d’activité : Cassaignes

Thématique : Culture

Je vis à Cassaignes depuis une quinzaine d’années, après avoir vécu à Carcassonne, j’étais alors enseignante. Aujourd’hui, par le travail que j’ai développé ici, l’ouverture de la galerie, les rencontres artistiques Artistes à Suivre, je me sens un peu « missionnaire »... pour que la culture et l’art soient reconnus comme un élément important du quotidien pour les ressortissants du territoire et qu’ils soient facteur d’une attractivité différente ou complémentaire du tourisme de masse type « location et piscine ».

Artiste à Suivre est un modèle de manifestation qui se prête au territoire ; je cherche à gagner du terrain pour que la notion de culture soit différente d’« animation ».
Ici notre territoire est d’une grande richesse ; ce qui me surprend, c’est que les habitants ne réalisent pas toujours le caractère assez exceptionnel de leur lieu de vie. Montrer ces approches artistiques, ces langages, ces points de vue, tout cela participe à des choses importantes, la circulation des idées, des pensées, des sensibilités.
Je cherche à désacraliser, à casser cette image faite à l’art contemporain qui prétend qu’il n’est pas accessible, donc pas important. Des personnes qui traversent l’Atlantique pour aller voir de grandes expositions c’est une réalité... Je ne prétends pas mobiliser jusqu’au bout du monde, mais fidéliser des personnes qui viennent de la Région, de Belgique... et parfois au-delà. Les expositions que nous présentons, les artistes que nous invitons sont là pour éveiller, connecter.

Nous constatons que l’art est source d’enrichissement, il est force de développement des idées et peut-être aussi force économique, source d’attractivité de l’intelligence et de la rencontre.

La préservation du patrimoine et des paysages est un axe premier d’un PNR, j’attends une cohérence entre l’agriculture, la culture, la vie au quotidien, l’accueil de touristes ; qu’il soit un élément fédérateur des diverses populations qui composent le territoire avec des modes de vie différents.

Je vis, ici, au cœur d’une « tribu européenne » et cela m’a ouvert de nombreux horizons, plus que lorsque je vivais en ville. Cette notion multi-culturelle, c’est une réalité du territoire, il faut accepter ces flux enrichissants. Cette réalité ne semble pas réellement prise en compte par les élus.

On trouve ici des relations humaines simples qui permettent que des choses se déclenchent en toute simplicité toute simplicité. Ce territoire permet, si tu veux trouver ta place... de la trouver, tu peux être pionnier, pouvoir agir.
Des expériences nombreuses ont vu le jour portées par des personnes d’ici ou arrivées d’ailleurs.
C’est à chacun de s’interroger, de déclencher la rencontre et de partager réellement, de briser ces barrières culturelles. La réalité est mouvante et cela nécessite de s’adapter à ce qui se passe.

Ce que j’aime à Cassaignes c’est le mélange... des gens d’ici, des gens d’ailleurs, mais aussi le hangar qui heurte un petit peu la vue mais qui est là. Des villages trop joliment aménagés, où tout est bien restauré avec goût m’ennuient... il manque quelque chose... la vie rurale, la diversité.

Ce qui a changé, et qui ne se voit pas, c’est les problèmes d’eau. À Cassaignes, nous avons tous diminué notre consommation de moitié, nous sommes sur une gestion communale de l’eau, le village compte deux sources qui se tarissent. La question de la gestion de l’eau est un sujet important pour le futur.

Les « capitelles », ces cabanes de berger en pierre, il y en avait entre Coustaussa et Caissagnes des centaines et depuis une quinzaine d’années je les vois disparaître. Les murs de pierres qui s’écroulent et qui ne sont pas préservés, on en voit beaucoup.

Les paysages sont restés « sauvages », disons « exceptionnels », peu pollués par l’activité humaine.
Les paysages qui me font « un coup au cœur »... c’est la vue de Cassaignes sur les Pyrénées, ou depuis le Col de Valmigère... c’est époustouflant, tu y vois la chaîne des Pyrénées mais aussi toute la partie Corbières, je suis éblouie aussi sur la route de St Paul de Fenouillet à Perpignan.

Il ne faut pas que le PNR déclenche une uniformisation, une « muséification » du territoire, il ne faut pas que cela devienne trop contraignant. La préoccupation de préservation ne doit pas figer le territoire sous la forme d’une « réserve ».

Le PNR pourra être une force, source de développement, d’attractivité, un levier pour préserver une qualité de vie et garder ce territoire vivant.